Pratiques KYT dans le domaine des cryptomonnaies

Selon les données de Bitrace, entre janvier 2021 et septembre 2023, plus de 41,52 billions de USDT à risque ont afflué vers certaines adresses de plateformes d'échange centralisées sur le réseau Tron, et 33,46 billions de USDT à risque ont été transférés vers des adresses de plateformes de paiement crypto. Il est donc évident que l’USDT est massivement utilisé dans des activités telles que les jeux d’argent en ligne, le blanchiment d’argent et d’autres industries illicites ou grises. Ce type de flux de capitaux à risque peut facilement contaminer des adresses innocentes. Dans ce contexte, il est essentiel d’effectuer un audit des fonds de l’adresse du destinataire avant tout transfert. Cet article explore les pratiques KYT (Know Your Transaction) dans le domaine des cryptomonnaies et propose des solutions concrètes.

Défis rencontrés par le KYT

Anonymat des adresses

L’anonymat des transactions en cryptomonnaies offre aux utilisateurs un niveau supérieur de protection de la vie privée et de liberté financière, cette technologie dissimulant le lien direct entre l’identité réelle de l’utilisateur et ses activités transactionnelles. Cependant, comme les deux faces d’une pièce, cet anonymat pose également des problèmes, notamment lorsque les cryptomonnaies sont utilisées à des fins illégales, ce qui complique la régulation et l’application de la loi. De plus, la nature anonyme rend le suivi des transferts de fonds crypto difficile : même si une adresse est identifiée, il reste ardu de découvrir l’entité qui se cache derrière.

Complexité du jugement

Toutes les adresses associées à des fonds à risque ne sont pas forcément illégales ; juger le risque d’une adresse sur un seul critère est trop arbitraire. Prenons l’exemple de l’incident de « poisoning » de Tornado Cash : certaines adresses anonymes ont envoyé 0,1 ETH depuis des portefeuilles Tornado Cash sanctionnés vers des portefeuilles de personnalités reconnues du secteur crypto, entraînant l’activation involontaire de règles de gestion des risques et l’impossibilité d’accéder à certains protocoles DeFi pour ces derniers.

Dans cet incident, la plateforme a appliqué des règles KYT inadaptées, ce qui a entraîné des erreurs dans la gestion de ses activités et une mauvaise expérience utilisateur. Par conséquent, la sanction d’une adresse doit être évaluée en fonction de l’intention initiale de l’origine des fonds mélangés, nécessitant une analyse approfondie et une évaluation raisonnable. De toute évidence, dans le cas ci-dessus, l’adresse « empoisonnée » ne devrait pas être simplement considérée comme une adresse à risque.

Environnements réglementaires différents selon les pays

Pour que l’industrie des cryptomonnaies atteigne une conformité réelle, il est nécessaire que toutes les parties prenantes participent à la régulation et parviennent à un consensus. Prenons l’exemple récent de l’arrestation en France de Pavel Durov, fondateur russe de Telegram, qui fait face à des accusations de terrorisme, blanchiment d’argent et trafic de drogue. La France considère que Pavel Durov aurait permis la commission d’activités criminelles via l’application et l’a arrêté ; alors qu’en Russie, en Ukraine et dans d’autres pays, Telegram est largement utilisé comme plateforme de communication pour sa grande confidentialité. Selon « Russia Today », après l’arrestation de Durov, le vice-président de la Douma d’État russe (chambre basse du parlement) Davankov a immédiatement protesté, appelant le gouvernement français à libérer Durov.

On constate ainsi que, quel que soit le marché, la régulation et la conformité sont cruciales. Bien que les cryptomonnaies permettent une circulation transfrontalière aisée, les actes criminels impliquant des cryptos nécessitent des sanctions issues du monde réel. Or, les environnements réglementaires diffèrent considérablement d’un pays à l’autre, et les attitudes envers les cryptomonnaies varient selon les régions, ce qui complique la coopération entre les parties concernées et engendre des frictions ; la diversité des définitions de la conformité crée des obstacles réglementaires.

Pratiques KYT de Bitrace

Base de données d’étiquettes d’adresses

Grâce à la modélisation par apprentissage automatique et algorithmes de reconnaissance de motifs, Bitrace a accumulé une base de données de plus de 400 millions d’étiquettes d’adresses, comprenant des étiquettes d’entités (plateformes DeFi, pools de minage, exchanges d’actifs numériques, etc.) et des étiquettes de comportements à risque (fraude, terrorisme, trafic de drogue, jeux d’argent illégaux, blanchiment d’argent, industries grises et noires). De plus, les données de cette base proviennent également de partenaires et de clients sollicitant de l’aide ; ces adresses à risque et informations associées sont vérifiées une seconde fois par l’équipe technique avant d’être intégrées à la base.

Une base de données d’étiquettes d’adresses aussi riche permet de retracer les entités derrière les adresses anonymes et aide à filtrer les risques de fonds des contreparties. Par exemple, dans les escroqueries par chèque sans provision pour obtenir des USDT, ou dans les arnaques de faux pools de minage Binance où des ETH sont déposés et des BNB restitués, Bitrace a découvert que les adresses utilisées étaient déjà en interaction avec des adresses à risque liées à des activités illicites avant même la fraude, et qu’elles étaient signalées comme à haut risque dans le nouvel outil de vérification rapide des risques de Detrust. Il est donc prouvé qu’une vérification rapide des adresses à risque des contreparties avant la transaction peut efficacement éviter les fraudes.

Detrust

Basé sur la base de données d’étiquettes de risques criminels de pointe de Bitrace, le profilage d’adresses et la capacité de surveillance et d’alerte des fonds criminels, Detrust fournit aux entreprises crypto des données pertinentes. En analysant le comportement des contreparties, il aide les entreprises à identifier les transactions crypto impliquées dans des activités illégales, et surveille les anomalies en comparant les transactions actuelles à l’historique des comportements.

La fonction Monitor permet de détecter automatiquement et en temps réel chaque transaction, en s’appuyant sur l’analyse de motifs, l’analyse des écarts de comportement et l’analyse de regroupement, afin d’alerter et d’assister dès la première entrée de fonds à risque, réduisant ainsi les risques de lien avec des fonds criminels et les risques de conformité des activités.

Stratégies de gestion des risques personnalisées

Le produit permet aux utilisateurs de personnaliser leurs stratégies de gestion des risques, en adoptant différentes réponses selon le type d’événement à risque, et non seulement selon les règles par défaut de la plateforme. Par exemple, les règles peuvent être déclenchées uniquement selon un certain pourcentage de risque, une catégorie de risque, une origine du risque ou selon la politique régionale, offrant ainsi une plus grande liberté pour s’adapter aux exigences de conformité locales.

En conclusion

Les cryptomonnaies, en particulier les stablecoins comme l’USDT, sont largement utilisées par de nombreuses entreprises crypto pour les paiements quotidiens. Ces entreprises ont souvent besoin d’un système KYT complet pour assurer la conformité et la gestion des risques, protégeant ainsi la sécurité des fonds des utilisateurs. Dans un contexte mondial de régulation de plus en plus stricte, la pratique du KYT passera du statut d’exigence de conformité à celui de norme industrielle, contribuant à bâtir un environnement de transaction plus sûr, transparent et efficace, et à promouvoir le développement sain de l’industrie blockchain.