5 milliards en BTC volés et un manoir à Londres : la “Cryptoqueen” face à la justice
Une arnaque géante, 120 000 victimes, et plus de 5 milliards en Bitcoin planqués dans un manoir londonien. La “Cryptoqueen” fait enfin face à la justice. Voici l’histoire incroyable de la plus grosse fraude crypto jamais jugée au Royaume-Uni.
Qui est la “Cryptoqueen” Qian Zhimin ?
Derrière le surnom de “Cryptoqueen” se cache une femme d’affaires chinoise, Qian Zhimin, 47 ans. Elle est au cœur d’une affaire tentaculaire qui mêle arnaque, fuite internationale et Bitcoin. En Chine, Qian s’était forgé une image de bienfaitrice moderne : poétesse, patriote et entrepreneuse « au service du peuple ». Elle se faisait appeler « Huahua », la « fleur » qui aidait les plus âgés à faire fructifier leurs économies grâce au minage de BTC. En réalité, c’était un système Ponzi parfaitement orchestré.
Qian Zhimin pose lors d’un de ses voyages en Europe, financés par les fonds détournés. Source : Metropolitan police.
Quand la police chinoise a commencé à enquêter en 2017, Qian a pris la fuite vers le Royaume-Uni avec une fortune de 5 milliards convertie en Bitcoin. À Londres, elle menait une vie extravagante : manoir loué 17 000 £ par mois, shopping de luxe, projets délirants. Dans ses carnets, elle parlait de fonder une banque, d’acheter un château en Suède et même de devenir « reine de Liberland », un micro-État autoproclamé entre la Serbie et la Croatie. Le tout, financé avec une arnaque Bitcoin, ce qui lui a valu le surnom de Cryptoqueen.
Comment l’arnaque Lantian Gerui a piégé plus de 120 000 investisseurs
Tout commence avec sa société, Lantian Gerui, aussi appelée « Bluesky Greet ». Sur le papier, c’était une entreprise high-tech spécialisée dans le minage de Bitcoin et le développement d’outils innovants. En pratique, c’était un gigantesque schéma de Ponzi. Les investisseurs recevaient de petits gains quotidiens censés provenir du “minage” ; en réalité, c’était une partie infime de l’argent des nouveaux venus.
Pour séduire, Qian misait sur la psychologie. Ses cibles : des seniors, souvent patriotes et peu familiers du monde crypto. Les présentations grandioses, les banquets organisés et les poèmes sur « l’amour du peuple » entretenaient une illusion parfaite. Des témoins ont même parlé d’une femme « inspirante » qui parlait beaucoup d’amour de soi et publiait des messages patriotiques.
Au point que certains pensaient même investir dans un projet soutenu par des « proches de dirigeants chinois ». Au total, plus de 40 milliards de yuans (environ 5,6 milliards $) ont été collectés avant que le château de cartes ne s’écroule.
Aujourd’hui, le minage crypto a bien changé. De nouveaux projets comme Pepenode misent sur une approche ludique et transparente : un univers “ mine-to-earn ” où les utilisateurs construisent virtuellement leurs propres nœuds pour générer des récompenses. Une manière plus ludique et claire d’aborder le minage, loin des promesses douteuses du passé.
Les cryptoactifs représentent un investissement risqué.
De la Chine au manoir londonien : le rôle clé du Bitcoin dans l’affaire
Quand la machine s’est enrayée, Qian a disparu. Elle a converti l’essentiel des fonds volés en Bitcoin pour les déplacer discrètement à l’étranger. En 2017, elle arrive à Londres sous une fausse identité et commence à dépenser sa fortune. Son assistante, Jian Wen, l’aide à convertir les BTC en argent liquide, bijoux et immobilier. Pour le monde extérieur, Qian n’est pas une escroc en fuite, mais une riche héritière chinoise spécialisée dans les antiquités et les diamants qui dépensait sa fortune.
Mais son appétit finit par la trahir. En tentant d’acheter un immense manoir à Totteridge, elle n’a pas pu justifier l’origine des fonds. Ce signalement a déclenché une enquête de la police métropolitaine londonienne. Et lors d’une perquisition dans son manoir de location de Hampstead, les enquêteurs découvrent des ordinateurs et des disques durs contenant des dizaines de milliers de Bitcoin. L’affaire prend alors une dimension mondiale.
Une des plus grandes saisies crypto de l’histoire : ce que la justice britannique doit décider
Les autorités britanniques ont alors mis la main sur environ 61 000 BTC , soit plus de 5 milliards £ aux cours actuels. Qian a enfin été arrêtée en 2024 à York, puis a fini par plaider coupable à l’automne 2025, et elle sera jugée cette semaine. C’est l’une des plus grandes affaires de blanchiment liées au Bitcoin jamais jugées en Europe.
Reste maintenant à savoir ce que deviendra cet argent. Des milliers de victimes chinoises préparent des dossiers pour tenter de récupérer une partie de leurs fonds. Mais beaucoup ont investi via des intermédiaires, sans preuve directe. Le casse-tête juridique s’annonce long : Qui faut-il rembourser ? Faut-il rembourser les montants initiaux ou la valeur actuelle du Bitcoin ? Et si personne ne peut prouver sa créance, les sommes non réclamées pourraient revenir… au gouvernement britannique. Un dénouement ironique pour une fraude née en Chine et stoppée à Londres.
Source : BBC
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Pour aller plus loin sur le sujet :
- 61 000 BTC saisis à Londres : la reine du Ponzi plaide coupable
- Mining Bitcoin : la Chine pèse désormais 14% du hashrate mondial malgré le ban
- Chine : un « Operation Centre » pour le yuan numérique, cap sur l’intégration CBDC
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