36 jours de fermeture aux États-Unis : le projet de loi sur la crypto menace de dérailler définitivement

Le gouvernement américain traverse la plus longue fermeture de son histoire avec 36 jours de blocage. Cette situation sans précédent menace directement l’adoption d’une législation cruciale sur les cryptomonnaies. Les résultats des élections de mi-mandat compliquent encore davantage les négociations.

Une impasse politique qui s’éternise et paralyse l’agenda crypto

Le gouvernement fédéral américain a atteint un jalon historique mercredi : 36 jours de paralysie, battant le précédent record de 35 jours.

Cette situation inédite plonge l’administration dans le chaos et menace directement l’avenir de la régulation des cryptomonnaies. Les législateurs restent divisés sur le financement du budget fédéral, et rien n’indique une résolution rapide.

Les Démocrates semblaient prêts à faire des concessions cette semaine. Beaucoup anticipaient un vote sur le financement du gouvernement sans conditions sur les primes d’assurance maladie. Mais l’élection de mardi a changé la donne.

Les résultats dépassent largement les prévisions des sondages et renforcent la position démocrate au Congrès. Ce nouvel équilibre des forces complique les négociations et retarde tout accord budgétaire.

Le calendrier initialement prévu pour la régulation crypto s’effondre progressivement. Summer Mersinger, directrice exécutive de la Blockchain Association, a tiré la sonnette d’alarme mercredi.

Elle confirme que la prolongation de la fermeture augmente significativement les risques de report à 2026. Les experts en politiques publiques du secteur partagent unanimement ce pessimisme croissant. Le problème va bien au-delà d’une simple question de calendrier.

De nombreux spécialistes gouvernementaux capables de rédiger ces textes complexes sont actuellement en congé forcé. Sans leur expertise technique indispensable, il est impossible de faire avancer concrètement la législation liée à la structure du marché. Cette paralysie administrative crée un goulot d’étranglement majeur pour l’ensemble du processus législatif.

Entre optimisme affiché et réalité du terrain

Patrick Witt, directeur exécutif du President’s Council of Advisors on Digital Assets, garde un optimisme prudent.

Lors de la conférence Swell de Ripple mercredi, il a réaffirmé la position de Donald Trump. Le président américain souhaite toujours signer un texte final « d’ici la fin 2025 », malgré les obstacles croissants.

Witt s’est rendu fréquemment au Capitole ces dernières semaines. Il rencontre régulièrement des sénateurs républicains et démocrates pour « faire avancer les choses ».

Son agenda politique s’intensifie alors même que l’administration fédérale reste paralysée. Paradoxalement, il considère que la fermeture présente certains avantages inattendus pour son travail de lobbying.

« Nous avons eu l’occasion de vraiment échanger avec les bureaux, le personnel et les membres sur le fond de ce projet de loi », a-t-il expliqué à CoinDesk TV.

La paralysie administrative libère du temps pour les législateurs. Ces échanges approfondis auraient été difficiles en temps normal, submergés par de multiples priorités concurrentes au Congrès. La Maison Blanche organise des réunions régulières pour maintenir la pression.

Les professionnels du secteur affichent des avis divergents. Un premier expert en politiques publiques estime qu’une amélioration de la structure du marché « d’ici Thanksgiving » reste possible.

Un second est beaucoup plus réservé. L’adoption d’une législation complète avant la fin 2025 lui paraît « improbable ». Il s’attend plutôt à un vote des deux chambres du Congrès durant l’année 2026.

Gracy Chen, PDG de Bitget, propose une analyse plus philosophique de la situation.

Nous considérons la fermeture record de 36 jours des administrations américaines comme un revers temporaire qui met en lumière la valeur des systèmes résilients et décentralisés.

Pour elle, cette crise « pourrait finalement créer un élan en faveur de la réforme en soulignant les inefficacités des systèmes financiers traditionnels ».

Une course contre la montre

Le contexte politique complique dangereusement l’équation législative. Le sénateur Thom Tillis a récemment rappelé que la fenêtre d’opportunité se refermera au plus tard en février 2026. Passé ce délai critique, les élections de mi-mandat transformeront le Congrès en arène électorale. Tout consensus bipartite deviendra alors presque impossible à atteindre.

Cette réalité difficile explique l’urgence affichée par les Républicains. John Boozman, président du Senate Agriculture Committee, négocie activement avec ses homologues démocrates.

Son objectif reste clair : présenter « très bientôt » un projet de loi bipartite acceptable par tous. Le Senate banking committee a également entamé des discussions prometteuses ces dernières semaines.

Brian Armstrong, PDG de Coinbase, a récemment effectué une tournée stratégique à Washington. Il a rencontré plusieurs législateurs clés des deux partis. Ses conclusions ravivent l’espoir au sein de l’industrie.

Le Sénat aurait trouvé un terrain d’entente sur « environ 90 % » des questions liées aux cryptomonnaies. Cette convergence inattendue pourrait accélérer le processus législatif si la fermeture prend rapidement fin.

Pendant ce temps, la SEC fonctionne avec un personnel drastiquement réduit. L’agence de régulation a dû reporter l’examen de plusieurs demandes d’ETF crypto. Seize requêtes restent en attente, impliquant des actifs majeurs comme XRP et Dogecoin. L’industrie attend avec impatience la fin de cette paralysie administrative pour débloquer ces procédures.